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Quand la Ville alignait ses rues

pour prendre son visage moderne

Publié le

28/09/2022 - 06:58

Vous êtes vous déjà demandé pourquoi les rues Saint-Aubert, Ernestale et Gambetta ne forment qu’un seul axe bien droit reliant le Pont de Cité à la gare.

Savez-vous pourquoi certains coins de rue ont été coupés nets comme taillés à la serpe afin de laisser la place au trottoir ou à la chaussée. Imaginez-vous pourquoi dans certaines rues, il n’y a aucun décrochement de façades et pourquoi celles-ci sont toutes alignées ?

Les réponses à ces questions se trouvent toutes dans un seul et même document mis au point lors de la reconstruction à l’issue de la Première Guerre Mondiale : la Plan d’Aménagement, d'Embellissement et d’Extension. Un plan qui trouve ses origines dans la loi loi Cornudet du 14 mars 1919. Cette loi durbanisme est obligatoire pour les villes de plus de 10 000 habitants et concerne aussi celles dévastées en partie ou en totalité par lors du conflit. L’idée est de faire émerger une ville nouvelle des ruines en intégrant une réflexion urbanistique favorisant la circulation, l’hygiène et lesthétique.

Cette loi impose aux communes d’établir un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension. Grâce à ce plan, les villes pouvaient engager une reconstruction rationnelle. La ville d’Arras adopte son plan le 16 mars 1923.

La reconstruction se fera donc en alignant plus 67 rues d’Arras. Le principe est simple : pour élargir et aligner les rues tortueuses et dévastées par la Première Guerre Mondiale, des lignes droites sont tracées sur un plan. Toute habitation empiétant sur le futur espace public est alors aligné, comprenez rabotée afin de gagner des mètres carrés de rue. Des propriétaires ont donc vu leurs habitations amputées d’une partie de leur superficie afin d’élargir et aérer les chaussées. D’autres sont expropriés.

En effet, la situation en ville était toute autre de celle que nous connaissons aujourd’hui. L’avant-projet pour les nouveaux alignements de la ville décrit la ville comme telle : « En partant du Pont-de-Cité vers la gare, on suit les rues Saint-Aubert et Ernestale qui forment en quelque sorte laxe de la ville. Elles ont une circulation très active mais, sinueuses et étroites, elles forment avec les voies urbaines plusieurs carrefours dangereux, surtout depuis la circulation toujours croissante de rapides autos et de lourds camions. Les trottoirs y sont généralement très étroits ; à certains endroits on ne peut même  s’y garer des voitures. Ces rues réclament des élargissements urgents. Plusieurs des immeubles qui les bordent sont détruits, beaucoup dautres gravement endommagés, très peu sont intacts. Cest une reconstruction presque générale qui simpose, aussi devrait-on profiter des circonstances présentes, qui faciliteraient les expropriations pour l’établissement dune large rue. »

Le plan prévoit d’établir de larges courants de circulation dont les principaux comprennent les rues Gambetta, Ernestale, Saint-Aubert qui va voir sa largeur portée à 14 mètres, la rue Méaulens, la place Sainte-Croix, la Grand-Place, les boulevards extérieurs. Il convient de dégager l’Hôtel de ville et plusieurs monuments publics comme la Cathédrale, léglise Saint Jean-Baptiste afin d’aérer ces quartiers et au besoin y établir des marchés. Le plan prévoit de dégager les voies daccès importantes qui amènent commerçants et acheteurs sur les marchés de la Petite place, ainsi que les rues Saint-Géry, Ronville et Saint-Nicolas. Le plan d’alignement prévoit de créer de nombreux pans coupés aux carrefours les plus fréquentés de la ville et d’aérer et de décongestionner les centres dactivité. Les habitations étant coupées sur un angle afin de dégager de la place sur la chaussée. Ces pans coupés sont toujours visibles à l’angle de la rue des Grands-Vieziers et de la rue Ernest-de-Lannoy ou place des États d’Artois.

Le plan d’alignement a également des visée hygiénistes et de salubrité publique. Ainsi, dans son Projet de règlement de voirie et d’hygiène adopté lors du Conseil municipal du 1er juin 1923, la Ville développe différentes mesures : les maisons doivent être largement aérées, éclairées et ensoleillées le plus longtemps possible. Les habitations doivent aussi comporter deux pièces habitables, la cuisine n’en faisant pas partie, et des cabinets d’aisance. De plus, chacune des pièces du rez-de-chaussée et des étages doit être « éclairée et aérée sur rue ou sur cour au moyen dune ou de plusieurs baies ».

L’application du plan d’alignement ne s’est pas faite sans mal. De nombreux litiges entre la Ville et les propriétaires ayant éclaté. Et le plan n’a pas été appliqué jusqu’au bout. Le plan dalignement na pas été réalisé intégralement. On peut facilement remarquer en ville les dents creuses et des ruptures dalignement. Mais il a donné à Arras le visage moderne que nous lui connaissons aujourd’hui.

 

Sources : Site internet http://arraslagrandereconstruction.fr/

Thierry Dehay, archives municipales de la Ville d’Arras/

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